4 mai 2016

4 mins de lecture

CitéCréation, l'innovation sociale au format XXL

En 38 ans d’existence, CitéCréation s’est imposée comme le leader mondial en design urbain via la réalisation d’ouvrages muraux monumentaux. Née à Lyon, cette SCOP (Société coopérative et participative) intervient aujourd’hui dans le monde entier. En 2016, Vilogia et CitéCréation s’associent pour donner un nouveau visage à la Vallonnière, résidence historique du 9e arrondissement de Lyon. Un projet unique comme l’est chacun des projets portés par Lionel Toutain-Rosec, Chef de projet CitéCréation. Entretien.

Portrait de Lionel Toutain-Rosec, chef de projet CitéCréation

L’une des marques de fabrique de CitéCréation est la co-création des ouvrages avec les habitants. Qu’entendez-vous par ce terme ? 

Tout part des rencontres avec toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles les habitants. À l’occasion d’une réhabilitation, nous prenons du recul sur les questions techniques et administratives pour nous consacrer à la recréation d’une histoire collective. Cela passe par des temps festifs et ludiques et des temps de travail organisés avec la Maîtrise d’ouvrage : on va parler avec les habitants d’émotions, de vécu, de tranches de vie, nous allons écouter leurs anecdotes, leurs souvenirs. Nous récupérons ainsi le « corpus sensitif » des habitants. En parallèle, CitéCréation fait un travail de recherche documentaire et mène une réflexion urbanistique et architecturale pour que les œuvres qui vont être peintes sur la « peau » du patrimoine s’intègrent bien au lieu où elles se trouvent. De là naît la magie de la création que l’on retrouve du Canada à la Chine !

Les réalisations de CitéCréation

Berlin - La Volière
Berlin - La Volière
Lyon - Sarra avec fresques
Lyon - Sarra, avant fresques
Lyon - Sarra fresques de nuit
Kapfenberg - AUTRICHE - orchestre
La fresque des lyonnais - LYON
Montréal - Chabanel
Le mur des Canuts avant fresques - LYON
Le mur des Canuts avec fresques - LYON

À l’étranger, votre travail est-il perçu de la même manière ? 

Nous avons une chance : la peinture murale monumentale est une matière transculturelle et universelle, qui passionne tant en Chine, qu’au Mexique ou qu’à Stockholm. L’organisation varie. Le modèle allemand par exemple, repose sur une coopération très forte : nous travaillons en général avec quelques habitants relais dans une confiance totale. Dans les cultures latines, il y a davantage ce besoin de se projeter et de prendre le temps de s’approprier le projet de manière collective. En Chine…c’est le parti qui décide ! Même si on sent une démarche d’ouverture y compris sur ce sujet.

Une fois peints, ces ouvrages monumentaux changent-ils la vie des résidences dans lesquelles vous intervenez ? 

Oui, et c’est même le premier objectif ! On ne cherche pas du tout à faire du beau pour du beau. D’ailleurs on ne se définit pas comme des artistes mais plutôt comme des artisans… Nous arrivons avec une page blanche pour répondre aux besoins de nos clients : favoriser le vivre-ensemble dans une résidence, intervenir sur la valorisation patrimoniale, renforcer l’attractivité immobilière et commerciale d’un lieu et son attractivité touristique. Lorsque des touristes viennent admirer une fresque et que les habitants peuvent leur expliquer d’où elle vient, cela redonne à toute la résidence une fierté incroyable. Et c’est une réalité, le circuit des fresques de Lyon est aujourd’hui le 3e circuit le plus important de la ville avec une fréquentation en hausse tous les ans…

L’innovation doit être avant tout sociale et démocratique.

Votre société est une société pionnière. Après 40 ans d’existence, des innovations sont-elles encore envisageables ? 

Bien sûr ! On résume souvent l’innovation à l’innovation technique et nous y travaillons, sur la qualité des peintures et des systèmes d’accroche ou d’isolation, sur la mise en lumière des œuvres ou sur une approche en 3D. Ce travail sur les volumes induit d’ailleurs des enjeux importants en terme de sécurité des personnes. Mais pour nous, l’innovation doit surtout être sociale et démocratique. L’état de la démocratie et les débats en cours dans un pays orientent notre manière d’envisager la co-création. Nous intégrons aussi de plus en plus les réseaux sociaux aux projets puisqu’on se rend compte que de nombreuses personnes s’y expriment alors qu’elles n’oseront pas prendre la parole en réunion… Nous réfléchissons en permanence à la manière de concevoir le dialogue et la prise de décision.

Cette réflexion, la retrouvez-vous chez Vilogia avec qui vous démarrez une première collaboration ? 

Le lieu de rencontre en dit souvent long ; Et c’est dans des lieux dédiés à l’apprentissage et à l’échange de bonnes pratiques que j’ai croisé à chaque reprise des collaborateurs de Vilogia.  D’abord lors d’un congrès de formation professionnelle puis lors d’un séminaire d’EFL (European Federation for Living). Cela montre que Vilogia est présent à tous les niveaux de l’innovation, y compris à l’échelle européenne pour améliorer l’habitat social tant dans la qualité du bâti que dans la recherche d’une dynamique collective au sein des résidences. Nous sommes donc très fiers de ce projet qui sera une réussite pour tous, et surtout pour les habitants