12 octobre 2017

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Accueillir des TIG : une mission utile

Etre utile à la collectivité, réapprendre les règles, créer du lien social et impliquer la société civile dans la réinsertion sociale, voici les objectifs du TIG qui constitue une peine alternative à l’incarcération. Depuis le début de l’année, une douzaine de TIG ont été accueillis par les équipes Vilogia de la métropole lilloise.

"Nous leur confions essentiellement des missions de nettoyage en accompagnement de nos agents de proximité. Ils sont également mis à contribution quand il faut débarrasser des caves ou dans le cadre de travaux d’embellissement et de rénovation de notre patrimoine. Quand cela est possible, nous essayons également de leur confier d’autres missions plus valorisantes et adaptées aux compétences de chacun", explique Enza Russello, Responsable prévention et sécurité. Arrivée au Pôle Sécurité il y a 5 ans, la jeune femme a pris l’initiative de relancer une collaboration initiée quelques années auparavant avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) du Tribunal de Lille.

Accueil d'une personne en travaux d'intérêt général

Car la réalisation du TIG dans une structure est encadrée par les acteurs judiciaires, le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) et le conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation notamment. Ils sont les interlocuteurs privilégiés de Vilogia qui, en tant que structure d’accueil, a un rôle fondamental dans le déroulement de cette démarche. "Nous sommes chargés de prévoir un personnel d’encadrement, référent ou tuteur, qui devra être motivé pour accueillir le condamné, assurer sa prise en charge au quotidien et favoriser le bon déroulement de la peine. Nous nous assurons également de placer la personne au sein d’une équipe volontaire pour l’accueillir et d’adapter ses missions à ses impératifs familiaux et géographiques", rappelle Enza Russello qui précise également veiller à une bonne sélection des TIGistes selon le type de mission qui leur est confiée. Une règle prévaut néanmoins : les TIGistes ne doivent pas être locataires Vilogia.

Leur bonne intégration au sein des équipes garantit le succès de la démarche. "L’année dernière, j’ai expérimenté l’arrivée de TIGistes au Siège de l’entreprise à Villeneuve d’Ascq. Ces derniers ont été affectés au sein des services archives et logistique. Les responsables ont été conquis par cette mise à disposition", assure Enza Russello. Ainsi, le service archives a accueilli un jeune garçon d’une vingtaine d’années, condamné pour conduite sans permis. "Il avait arrêté l’école, il était désœuvré. Quand on lui a proposé de venir au siège il a accepté rapidement. Très débrouillard, il s’est vite intégré et s’est investi à fond dans sa mission. A la fin de son TIG, il a souhaité faire un pot de départ. Il nous a confié qu’il avait vécu cette peine comme une remise en question et une riche expérience. Il avait pris goût à se lever le matin pour aller travailler. Il s’était senti utile. Aujourd’hui, il veut reprendre des études pour devenir infirmier" , raconte Enza Russello qui, touchée par son témoignage, l’a fait suivre au SPIP en espérant que le jeune homme soit accompagné dans sa volonté de rebondir. La conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation a relayé cette demande au juge d’application des peines.

Le succès de cette démarche repose sur le volontariat des équipes. Nous avons identifié une dizaine d’agents de proximité dans la métropole lilloise suffisamment ouverts et capables de recevoir et d’accepter un TIG. On comprend qu’accepter de travailler avec quelqu’un qui est condamné à une peine puisse constituer un frein. Parfois certains sont réfractaires car ils associent le TIG comme une condamnation. Mais notre démarche est volontaire : on ne l’impose jamais", précise Enza Russello. Aujourd’hui, ce partenariat est en place uniquement avec le Tribunal de Lille. Enza Russello envisage qu’il soit dupliqué dans d’autres régions. "Un responsable sécurité est arrivé en Ile-de-France et j’aimerais l’accompagner l’année prochaine pour pérenniser cette démarche", annonce-t-elle.

TÉMOIGNAGE

Arrivé chez Vilogia il ya 13 ans, Jean-Marc Lesaffre est agent de proximité dans le quartier du Petit Paradis à Roubaix. Depuis le lancement de la démarche, il a accueilli 6 TIGistes.

« J’ai toujours été volontaire pour le faire car j’estime que ce n’est pas parce qu’on a fait une petite bêtise qu’on n’a pas le droit à une seconde chance ». Pour lui la principale difficulté est de leur trouver un travail pas trop dangereux et suffisamment motivant. «  J’ai le sentiment d’être utile dans leur réinsertion. Eux, le sont également pour nous puisqu’ils nous allègent dans notre quotidien », ajoute-t-il.

Pour éviter de susciter des craintes inutiles auprès des locataires et permettre un contact plus facile, il présente chaque TIGiste comme un apprenti.

Jean-Marc Lesaffre dit beaucoup discuter avec eux pour «  les aider à les remettre du bon côté de la route ». Et si parfois les discussions débordent sur la vie privée, c’est toujours à l’initiative du TIGiste. « Nous n’avons pas à savoir pourquoi ils sont condamnés et ce qu’ils ont fait », insiste l’agent de proximité.

TIGistes aux côtés de collaborateurs Vilogia